samedi 24 mars 2012

Sur la route de la Thaïlande, des royaume perdus du Siam aux montagnes du Nord


Debut janvier, déjà dix jours à Bangkok et ses environs, il est de temps de faire nos adieux à la capitale, à notre CouchSurfeur, et aux plaisirs de la vie citadine, provisoirement. Notre retour est prévu début fevrier, mon billet d’avion Bangkok-Medan fixant la date butoire au 5/02. En stop, sac au dos, presque un mois pour partir dans l’inconnu thaïlandais et revenir, la tête remplie d’images, de rencontres, de souvenirs…

Première étape, qui se fait exceptionnellement en train : Ayuthaya, une ancienne capitale qui a dominé le royaume du Siam de 1350 à 1760. Du prestige de la cité royale, seules demeurent les ruines des anciens édifices sacrés, autour desquels s'est agglomerée une ville moderne. Entourée (et menacée) par les eaux, Ayuthaya se visite à velo, une ballade de temples en palais qui permet d’admirer la beauté des monuments de briques oranges, que le temps n’a pas totalement détruits.

Au cas où on en aurait eu marre du stop… !

Vestiges de la splendeur passée d'Ayutthaya...


… il n’y a pas si longtemps sous les eaux !


                Après quelques hésitations, nous décidons de planter la tente dans ce site classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Heureusement, nul policier ne vient nous rendre visite pendant la nuit, et le petit déjeuner face aux temples est mémorable (avec délice suprême, de la crème de marrons francaise, vous en entendrez parler… !)

Un emplacement de tente quatre étoiles, n'est-ce pas ?

                Reprise de notre itinéraire le lendemain, et débuts pour moi du stop en Thaïlande ! Bien-sûr, comme en Malaisie, les gens ne connaissent ni le concept ni le mot d’auto-stop -pourtant écrit dans notre lexique anglo-thaï. La difficulté supplémentaire est que cette fois nous ne parlons pas un mot de la langue locale, et que notre pronociation thaï des noms de villes est plus qu’hasardeuse, pas pratique pour indiquer notre direction.

                Mais enfin, une voiture s’arrête. C’est le chef des bureau de poste de la région, de retour d’une réunion, il nous emmène déjeuner, nous dépose dans la prochaine ville, et nous donne une lettre de recommandation en thaï pour tous les facteurs de Thaïlande. Munis de ce laisser-passer, nous rencontrons ensuite un couple d’une gentillesse extrême, avec qui le contact passe très bien, l’anglais moins !
                Ils vont a Sukothaï, une ville plus au Nord, ancien royaume également, et nous décidons de les suivre, jusqu'à leur maison où ils nous invitent pour la nuit. Une fois toute la famille réunie, le festin commence : une assiette géante de riz pour chacun, à agrémenter avec des mets différents (j’ai prié très fort Ste Rita pour qu’il n y ait pas de chien) ; avec l'obligation de finir son assiette pour faire honneur a la générosité de nos hôtes. Rassasiés, nous nous allongeons tous dans le salon, ayant été reconnus comme membres officiels de la famille avant qu'on procède au couchage collectif. Réveil aux aurores le lendemain suivi des adieux à nos nouveaux amis, qui nous conduisent une dernière fois, jusqu'à  l’entrée du parc de Sukothaï, où se trouvent les ruines d’un royaume antérieur a Ayuthaya, ayant dominé la Thaïlande de 1200 à 1350.

Notre première "famille d’accueil"
Bien-sûr, vous n’aurez pas loupe le portrait du roi !


                Nous partons à la journée visiter le site, remarquablement bien entretenu, et profiter des sentiers ombragés. Le soir venu, nous plantons à nouveau notre tente à côté des temples. Seul petit changement pour pimenter la nuit : la crème de marron de la veille a laissé des traces sur les duvets, et les fourmis viennent en masse s’en régaler, ce qui nous force à lever le camp dans l’obscurité, loin des petites bêtes.

Sukothai...
... et ses Bouddhas éternels

Les éléphants, autre symbole typiquement „thaï


                La route continue, passant via des chemins detournés par Kamphaeng Phet, une ville beaucoup moins touristique mais tout aussi intéressante que Sukothaï, jusqu’à Tak (non, pas taxi, TAK, on fait du STOP, grand moment de communication interculturelle en thaï !).

Lors d’une pause “thé orange fluo hyper sucré hyper étrange”,  en direction du Nord-Ouest


                Nous atteignons Mae Sot le lendemain, une ville près de la frontière birmane. Cette bourgade qui somnole sous un soleil écrasant n'a rien de particulier, si ce n’est une population à la mixite ethnique inédite : Birmans, Chinois, Karen, Hmong, Thai, Indiens, sans compter tous les “UN people”, les étrangers membres des ONG reliées au traffic humain incessant généré par la frontière. C’est l’un d’eux,Chris, un Américain qui vit ici avec sa femme depuis cinq ans, qui nous accueille. Nous retrouvons avec plaisir matelas et salle de bain, et surtout Chris partage avec nous son expérience de travailleur humanitaire en contact direct avec les immigrants illégaux birmans. Ceux-ci n’ont pas de staut de refugié officiellement reconnu par la Thaïlande, qui n'est pas signataire de la Convention de l’ONU de 1951 sur le sujet. Le plus grand camp de refugiés de l’Asie du Sud-Est est situé à proximité de Mae Sot, une ville à part entière, avec ses hôpitaux, ses écoles, …, entourée de check-points. Sentiment étrange, choquant, que de comparer notre liberté de mouvement à celle des clandestins birmans, qui venus ici pour échapper au pire, se retrouvent cloîtrés dans un camp pour une durée incertaine.

Intéressants specimens sur le marché de Mae Sot, près de la frontiere birmane


                Nous poursuivons la route, toujours superbe, qui longe la frontière naturelle avec la Birmanie, une simple rivière aux rives parsemées de mines. Petit détour par une grotte, et on arrive le soir au beau milieu de nulle part, c’est-à-dire a l’entrée d’un parc naturel, où toutes les échoppes et boui-bouis du hameau ferment a sept heures. Soit ! Pas désespérés pour autant, nous rendons visites au chef de police du canton, au départ pour se renseigner sur la possibilité de planter la tente, au final pour se voir offrir un toit pour la nuit ! Ce n’est pas de refus, car il fait froid, le temps et les paysages font plus penser à un splendide automne dans les Hautes-Alpes qu’à la chaleur humide à laquelle Bangkok nous avait habitués. Drôle d’expérience que de passer la nuit au milieu des uniformes policiers –il y a même un pistolet sous le lit ! 

Petite escapade jusqu’à une grotte cachée dans la montagne


Départ à pied le matin suivant, nous marchons dans un cadre montagnard magnifique, les Alpes avec des rizieres et des troupeaux de buffles en plus. Enfin, une voiture passe et s’arrête. Hasard qui fait bien les choses, c’est une famille franco-thaïlandaise en vacances, avec laquelle nous passons 4 heures à faire 60 km, tant les routes sont sinueuses. 

Pas besoin d’avoir de la place pour nous emmener, c’est la générosité qui compte !


Nous laissons nos compagnons de route pour continuer droit au nord, à l’arrière d’un pick-up prenant les virages à grande vitesse, Europapark version cheap, avec la magie des paysages. Arrivés a Mae Hong Son, notre étape pour la nuit, je suis le témoin bien involontaire d’un drame. Une femme franco-thaïlandaise abandonnée par son mari français, qui a également emmené ses enfants, me demande de lui venir en aide, en contactant l’ambassade de France et la mairie de Villejuif, sa ville en métropole. Comment elle est arrivée dans ce café internet, si ses propos sont vrais, je n’en sais rien… mais ils me font forte impression, et je tente de l’aider avec mes maigres moyens, réalisant que son histoire n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’exploitation des femmes dans ce pays, notamment par les Occidentaux en quête de sexe et de mariage faciles.

Rizières au milieu des forêts, haut dans le Nord


                Après cet épisode qui m’a révulsé, il nous faut repartir. Ce sont surtout des pick-ups qui nous emmènent loin dans les montagnes couvertes de forêts sauvages, je fais la sieste au soleil en tâchant d'oublier les accoups trop nombreux de la route. Nous avons la chance de trouver un conducteur qui va jusqu’à Chiang Maï, la grande ville touristique du Nord où nous accueillent Andi et Susan, des CouchSurfeurs américains debarqués en Thaïlande il y a un mois et demi pour échapper à leur vie trop rangée et monotone du Texas. En leur compagnie, nous visitons la ville, entourée d’anciennes murailles, très agréable à parcourir à pied, et bien fournie en parcs et  librairies pour voyageurs … Il y a même une mosquée -loin de l’Indo, l’appel à la prière quotidien commence à me manquer ! Nous avons même droit à une rencontre surprise avec la reine de Thaïlande, qui se rend en visite privée dans une bibliothèque au moment où nous ressortons d’un magasin de journaux, curieuse coïncidence que nous n’avons pas pu immortaliser, les photos de sa majesté étant interdites. Pour info, elle est quand même beaucoup plus classe qu’Elizabeth II, on sent que l'adoration du peuple thaïlandais nourrit son aura !


 Même le bonhomme Michelin se met à la mode du “Wai” thaïlandais, à Chiang Mai

Moines en train de se recueillr à Chiang Raï 

En cas de petite faim sur la route, snacks thaïlandais !


                Après quatre jours de rythme citadin, retour au voyage, toujours en direction du Nord, et de la frontière avec le Laos ! En chemin nous rencontrons une femme specialiste des éléphants en danger de Thaïlande, un vieux touriste Suisse qui nous donne 200 bahts/4 euros -soit disant pour que mon ami prenne soin de moi, ah ah, vive le féminisme !, un couple américo-thaïlandais qui fait une visite “au pays”, très méfiant des terroristes musulmans et de la mafia russe qui sévissent en Thaïlande (ah bon ?), puis un Thaïlandais danois qui s'il fait très étranger avec ses 190 cm de hauteur nous parle anglais avec un accent thaï, sacrée identité !


Première rencontre avec le Mékong


                Enfin, nous voilà près du Mékong, au lieu-dit du “Triangle d’or”, à la croisée des chemins entre Birmanie, Laos et Thaïlande, endroit très fréquenté tant par les touristes que les amateurs de drogues.  Longeant le fleuve, nous arrivons le soir à la ville-frontière d’où nous souhaitons basculer au Laos. C’est un devoué officier de marine patrouillant sur le Mékong qui nous y dépose, après nous avoir auparavant emmené dans la maison de son père.  Ayant travaillé pour les Americains lors de la guerre du Vietnam, ce vieux monsieur parle paradoxalement mieux anglais que son fils, pourtant très fan des tubes anglo-saxons du moment du type Justin Bieber ou Kiss me... parfaits pour mettre l'ambiance dans la voiture !
Apres avoir campé, bien emmitouflés, sur le rivage thaïlandais du Mékong, nous traversons le fleuve en bateau, et sitôt munis de nos visas pour le Laos, partons a la découverte de ce nouveau pays…
Ce qui mérite un nouvel article !

Vue sur les collines, chez l’un de nos hôtes




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