mardi 27 septembre 2011

Gunung Merapi

Le Merapi, montagne de feu,  est un volcan encore en activité au nord de Jogja. Beaucoup de superstitions existent au sujet de cette "montagne sacree", en particulier en lien avec Yogyakarta et le palais royal du Kraton. Gunung Merapi est l'un des plus dangereux volcan d'Indonésie ; sa dernière éruption date de l'année dernière et 100 000 personnes ont du être évacuées. 

Un danger, certes, mais aussi une bénédiction pour les habitants des villages installés à flanc de coteau: les cendres volcaniques, mortelles, sont à l'origine d'une des terres les plus fertiles de Java.  
L'association entre savoir des ancêtres et techniques modernes des volcanologues permet aujourd'hui de réduire les dommages en prévenant les populations menacées et de rétablir en un temps accéléré les infrastructures, notamment sanitaires.

Ma coloc Mirka (qui est depuis retournée en Europe) faisait des recherches sur le Merapi, et à force d'entendre ses récits sur ses virées là-bas, j'ai eu envie à mon tour de partir découvrir cette montagne particulière qui surplombe Jogja.

L'excursion a un goût d'aventure, et promet d'être un défi pour mes petits mollets : un ami indonésien me propose d'y aller de nuit, de marcher pendant trois-quatre heures pour attendre au sommet le lever du soleil. Nous serons quatre :  lui, mon amie musicienne de Solo, et moi, accompagnés d'un guide. Départ à 22h en voiture de Jogja, arrivée à minuit à la "base", le temps de se réveiller, de boire une tasse de kopi susu, et c'est parti !

Aïe aïe aïe, ça commence très fort ! Dès le début, des petits raidillons comme je les aime, un mélange de sable/pierre/racines plus ou moins bien éclairé par la lune... Mais quelle tranquillité ! On marche vraiment dans "le calme et la sérénité" (souvenirs-souvenirs), avec le bruit des grillons en guise de musique pour notre "saturday night" -et oui, pas qu'en Provence !

A coups de petits remontants, de massages de pieds javanais (ouille les crampes, et merci mon guide), de blagues indonésiennes, nous voilà arrivés. Il est 4h30, je me cramponne à la main d'Aan dans un état de fatigue avancé, mais on a tous le sourire ! Quelques mètres avant la fin, on s'arrête, car le dernier passage, une grande pente caillouteuse au milieu du vide, me donne le vertige -mais bon, le plus gros est fait!

Et le plus beau à venir... 




Un petit bout du volcan, aux aurores
Emmitoufflés dans nos pulls, nous grignotons des cacahuètes en regardant le soleil apparaître à l'horizon -on fait nos "couchpotatoes", mais c'est bien mieux sur un volcan que devant la télé !
Petit à petit le ciel s'éclaircit, l'atmosphère se réchauffe, et la montagne reprend des couleurs, au milieu des nuages. J'ai mal partout, mais avec le "Sommet des Dieux" devant moi, tout va bien... !

Après une grande pause et quelques photos, la descente commence, en apesanteur. Je baragouine en anglais-bahasa pour maintenir le cap, et à l'arrivée, je délace mes chaussures avec un plaisir certain. Et comme nous avons un guide tout à fait exceptionnel -capable de faire l'ascension du volcan et de revenir en 2h30-, nous avons le droit à des pancakes à la banane maison avant de remonter dans la voiture.
Notre guide, et quel guide !


La montagne aux faux airs de volcan, en face du Merapi

Deborah, dans une contemplation volcanique mystique


Le petit groupe presque au sommet


 De retour à Jogja, on s'effondre tous les trois dans ma chambre, ce qui bien-sûr est formellement interdit dans les règles de mon kos. Comme je suis chanceuse, mon proprio me fait une petite visite surprise à ce moment... Après quelques sourires crispés, des excuses gênées, c'est bon, tout est arrangé, je vais même récupérer ma caution -puisque j'ai décider de déménager dans une nouvelle maison, coloc internationale de 9 personnes !


La récompense post-Mérapi : un MASSAGE ! 


Devinette-bonus : combien de jours de courbatures pour une ascension au Merapi ?

samedi 17 septembre 2011

Déambulations dans Jogja

Après plus de deux semaines à Jogja, je commence à prendre mes repères dans la ville, et à pouvoir me balader -en motorbike avec des amis, ou à pied toute seule.
En effet, les Indonésiens n'aiment pas marcher, et toutes les raisons du monde sont prétexte à éviter l'effort d'aller à pied -jalan kaki : la chaleur, le trafic, les gens, les dangers -inexistants-, les distances, qui vues par des yeux indonésiens s'agrandissent. Pour un peu, et j'aurai l'impression d'être une championne de marathon -ce qui n'est pas encore le cas, même si je ne désespère pas... !

C'est pourtant à pied que j'ai fait mes plus belles découvertes, et la lenteur de la marche permet de savourer les petits détails, d'observer la rue et ses habitants. Le sud, notamment, aux alentours du Kraton -palais du sultan, est un de mes endroits préférés, avec ses petites rues calmes aux maisons traditionnelles. Bien-sûr, il est facile de se perdre, mais c'est un plaisir de déambuler un peu au hasard, particulièrement quand la nuit commence à tomber, et que les appels à la prière se font écho.
Il faut cependant reconnaître que plus l'heure est tardive (en Indonésie, 18 heures !), et plus les regards se font insistants : une bule, toute seule dans la grande ville ? Perdue ou bien trop curieuse ? La limite est toujours difficile à trouver, et dans les deux sens : si je mitraille les rues de Jogja, je suis en retour moi-même un objet d'attraction. Après l'arroseur arrosé, la touriste photographiée : autant sourire de mon statut de star locale, qui me change de l'anonymat du métro parisien !

Reste maintenant à apprendre à maîtriser les codes de la politesse, très importante dans la culture javanaise, et qui, avec la connaissance du bahasa, me permettront de mieux comprendre Jogja, qui m'accueille déjà les bras ouverts : concerts de jazz avec les musiciens indépendants locaux -Indonésiens avec dreads, tatouages, et ukulélés, un spectacle en soi ! ; musique et arts dans la rue ; nombreuses galerie ; warungs cachés mais délicieux ; fêtes à l'indonésienne ; sans parler de l'ambiance à l'université...
mais c'est une autre histoire !


 
  
Un warung makan, petit restau en plein air, où les plats sont simples mais bons !

































Une carriole de kaki lima, surmontée par une affiche pour les prochaines élections régionales

Le street art n'est pas réservé aux murs de Paris !

Conducteur de becak réparant sa roue

Marchandages de batik, le tissu traditionnel

Au Pasar Beringharjo -marché principal, détail d'une étale. J'ai eu la chance d'avoir un vieux vendeur pour guide, qui m'a fait goûter, sentir, admirer les mille et une merveilles de cette caverne d'Ali Baba !
Taman Sari, ensemble de piscines où le sultan de Jogja pouvait admirer ses nombreuses épouses

Un petit monstre de Taman Sari, destiné à faire fuir les voyeurs importuns ?

Un week-end à Pacitan, East Java





La reprise des cours à l'université étant annoncée pour le 12 septembre, avec quelques amis, nous avons décidé de profiter de nos derniers jours de « vacances », option plage.
A trois heures de Jogja, Pacitan est une petite ville côtière, près d'une grande baie et de petites criques plus secrètes, parfait endroit pour les amateurs de surf fuyant les touristes.


Une des nombreuses plages aux abords de Pacitan

Nous nous sommes installés dans un hôtel au bord de la plage, qui n'a d'hôtel que le nom : Harry's Ocean House est une maison entourée de bungalows en bois, où vivent des surfeurs, locaux et bule -étrangers, qui nous ont chaleureusement accueillis dans leur communauté, partageant conseils et bons plans : où trouver des grottes magiques, des coins pour se baigner sans trop de courants ni méduses (moi et mon amour des « jellyfishes »...), les meilleurs warung makan...


Un cliché vérifié : la plage et les cocotiers !

Aperçu d'une grotte-cathédrale, digne d'un tombeau où se seraient figés pendant des millénaires les dignitaires d'un antique royaume javanais.


N'ayant pas pu expérimenté l'art de la planche pour cause de mal de dos persistant, avec deux autres amis, j'ai passé une journée à visiter les villages de l'arrière-pays. Ceux-ci sont très nombreux : impossible de faire plus de trois kilomètres sans voir une maison sur le bord de la route, et des Indonésiens pour nous saluer, à coup de « Hello, mister ! ». Les statistiques démographiques perdent leur côté abstrait, et la densité de population de l'île, s'avère bien réelle : 962 habitants/km2, à la ville comme à la campagne (ou presque !)


Des petits Javanais, très fiers de leur île, avec leurs parents prêts à tous nous accueillir chez eux -ou la générosité des Indonésiens.


Java est aussi l'une des régions les plus fertiles de la planète, ce que j'ai pu observer, bien accrochée à l'arrière de mon « motorbike » : une végétation luxuriante recouvre un terrain accidenté (avis aux amateurs de vélos, les côtes sont raides, très raides, même en scooter !). Tout est vert, sauf la terre, d'une couleur oscillant entre brun et rouge.

Si le niveau de vie est ici très modeste, les maisons et jardins sont soigneusement entretenus, les échoppes du bord de route toujours ouvertes et accueillantes, et les sourires toujours aussi nombreux !


Au détour d'un chemin, une nouvelle plage, où les pêcheurs se préparent à partir en mer.


Les pêcheurs aussi aiment prendre la pose !



Les déplacements se font essentiellement en moto -une famille entière peut arriver à se serrer sur un seul « motorbike »-, par bus, ou taxis collectifs -il n'y a que très peu de voitures. Même loin de Jogja, conduire reste un bel exploit : virages serrés, bosses et trous, doublages intempestifs, poulets aux pulsions suicidaires...
Et de temps en temps, un arrêt à la pompe de « Benzin », qui n'a rien à voir avec notre station service !


Station-service à l'indonésienne :)

Après ces expéditions à la journée, les soirées sous le ciel étoilé -quand il n'y a pas de nuages, la saison des pluies s'annonçant déjà-, où se mêlent jeux français, suédois, conversations en anglais et indonésien, sont très sympas, et tranquilles, par rapport au bourdonnement permanent de Jogja.

L'ambiance et le lieux étaient si agréables que j'ai loupé un spectacle de wayang kulit -théâtre d'ombres, pour prolonger mon séjour, sachant que Jogja, centre artistique, en accueillerait bientôt d'autres, bon sujet pour un prochain article ?!



Rocher-statue, un parmi les nombreux rocs qui surgissent de la mer.

mardi 6 septembre 2011

Premiers pas à Jogja


Bonjour, ou plutôt bonne nuit, pour vous qui dormez quand je me réveille au son de l'appel du muezzin !



Désormais loin de Paris, de Besançon, de ma « douce France », me voilà arrivée à Jogjakarta (ou Yogyakarta), capitale culturelle -et étudiante !- de Java, Indonesia. Moins d'une semaine après mon atterrissage, je peux déjà dire que cette année sous les tropiques s'annonce très forte, avec son lot de découvertes à partager : photos, rencontres et histoires de mon quotidien parfois déroutant sont au menu de ce blog . A moi donc de vous donner le goût de l'Indonésie, pour des visites éventuelles ou une invitation au voyage !



Arrivée à Jogja après 28 heures de vol où j'ai fait mes premières rencontres indonésiennes (et française !), débarquement de nuit sur le tarmac de l'aéroport. Il n'est pas encore 19heures, mais ici, la nuit tombe tôt (18 heures) et rapidement, tout en restant très douce -bonheur de pouvoir rester dehors en T-Shirt jusqu'à minuit, sans rien d'autre à craindre que les moustiques !



Premières rencontres à l'aéoroport de Koweit, amie française partant étudier la musique traditionnelle de Java, et indonésiennes revenant de la Mecque !


Difficile d'être perdue, même dix minutes après avoir posé le pied sur le territoire indonésien : le chauffeur de taxi me donne son numéro en cas de problèmes, je suis accueillie par le propriétaire de mon kos, et Mirka, ma coloc polonaise -la seule étrangère, moi compris, de la maison- m'emmène manger mon premier « nasi goreng », plat national.
En quelques jours, notamment grâce à Mirka et Couchsurfing, j'ai pu rencontrer des Indonésiens, des étrangers de passage ou bien installés, qui m'ont guidé à leur façon dans Jogja.

Ici, la rue s'anime tôt, envahie par les kali lima (vendeurs des rue), les petites échoppes où se pressent les passants, à mesure que le soleil chauffe les trottoirs (30°c déjà en début de matinée !)
Un défilé de couleurs, de sons et de saveurs , du soir au matin, s'offre au promeneur en route pour visiter la ville, ses nombreux monuments et ses recoins cachés. Reste à parvenir à circuler sans encombres, car marcher est une lutte, notamment pour traverser, et chaque intersection franchie est une victoire contre un flot de « motorcycles », de bus, de taxis, de becak et même de carrioles tirées par des chevaux (andung). 


Un becak, le vélo de mes rêves, si j'y ajoute un plateau de vitesses !
 

Les petites rues tranquilles, loin des grands axes, donnent un aperçu de la dolce vita à l'indonésienne : petites maisons de maximum un étage (où l'on se déchausse avant d'entrer), avec salle de bain extérieure et jardin abritant des arbres locaux, bananiers, manguiers, arbustres équatoriaux... C'est d'ailleurs la saison des mangues, et j'ai pu faire ma propre récolte chez une amie indonésienne.

J'ai la chance d'habiter dans une rue calme, avec de nombreux arbres, quelques poules, à quelques mètres seulement de la Jl Kaliurang, grosse avenue sur laquelle se situe aussi mon université, UGM, à seulement 1/4 d'heure de marche de mon kos (kos : résidence privée pour étudiants, le mien étant "only for females", nous sommes donc une dizaine de filles).


Ma rue !

Et la Jalan Kaliurang, à côté de chez moi.                           







UGM, où je me suis perdue plus d'une fois !
Mes amis indonésiens se déplaçant à scooter, je m'y suis mis aussi (en tant que passagère, pour l'instant !), et je le reconnais, moi qui sais tout juste conduire une voiture, je suis désormais adepte des ballades à motorbike, qui réduisent aussi les distances. Jogja est en effet une ville très étalée, et je n'ai pas encore saisie la subtilité du système des « Transjogja », bus publics aux parcours et arrêts incompréhensibles, qui m'emmènent dans des destinations inconnnues.


Superbe alignement nocturne de scooters, dans la Jalan Malioboro, rue principale où s'entasse les magasins de batik -tissus indonésien.


J'ai bien sûr testé la nourriture indonésienne, qui est savoureuse, épicée, et surprenante : je suis dans l'incapacité de savoir ce que je mange, les menus étant écrits en bahasa indonesia, mais je n'ai eu que des bonnes surprises ! J'ai particulièrement aimé le bakso, une sorte de soupe locale avec des boulettes de viande, vendue dans la rue, que nous avons englouti avant d'aller au théâtre -petite précision, c'était une pièce en javanais qui devait être très drôle, puisque le public riait aux éclats, ce qui nous faisait rire à notre tour. Les Indonésiens aiment rire, et je suis particulièrement chanceuse, puisque ma taille les fait s'esclaffer quand ils me voient dans la rue : à chaque fois que je sors, j'ai donc droit à mon lot de sourires !

 Cette semaine, c'est encore les vacances, pour moi, mais aussi pour les Indonésiens, qui ont fêté l'Idul Fitri (l'Aïd el-Fitr ou fin du ramadan) juste avant mon arrivée. J'en profite pour bouger, aller à la rencontre de Jogja et de ses habitants, et commencer à pratiquer mon bahasa -beaucoup de progrès à faire ! Récit à suivre... :)

ps : Teman's of Jogja ? Amis de Jogjakarta, of course !