lundi 13 février 2012

Bali, la fausse Indonésie ?


Bali, au delà du clivage tradition/modernité!

C’est avec un peu de retard que je vous fais part de mes impressions sur Bali, ou j ai passe Noël avec des amies fraichement arrivées d’inde et des Philippines. Région sûrement la plus célèbre d’Indonésie, sa réputation, selon moi, dépasse de loin une réalité gâchée par le tourisme de masse.

Bali est une ile mythique, qui depuis longtemps a attiré les artistes, les anthropologues, et aujourd’hui les touristes. Sa culture et ses paysages de rizières en terrasse sont connus dans le monde entier, qui accourt pour voir spectacles de danses  et cérémonies hindoues traditionnelles, singes et offrandes dans ses nombreux temples. L̕ Indonésie est d’ailleurs parfois réduite a ce petit bout de terre, morceau de paradis pour certains, comme le vendent les guides touristiques consacrés uniquement a l’île. Plus d’une fois il m’est arrivé d’entendre dire que Bali était un pays, tandis que ce n’est qu’une infime partie de l̕ Indonésie, qui recèle bien d'autres merveilles...


                 Temple dans sa forêt



Si je cite le guide touristique français le plus célèbre, Le Routard, il est mentionné que «Bali est certainement l’un des derniers endroits au monde qui, malgré le boom touristique, n’a pas complètement vendu son âme...”, et que « malgré les difficultés du quotidien, les Balinais continuent à entretenir des rapports de surface très cordiaux avec les touristes».

Mon expérience est un peu différente. Je n y suis pas restée longtemps, et peut être pas à la meilleure période, mais il m’a semblé que, comparé à Jogja qui est une ville touristique où il fait bon vivre, l̕ invasion des touristes avait un peu détruit le charme de Bali, qui reste une très belle destination, comme vous pouvez le voir sur les photos. Néanmoins, à plusieurs reprises, communiquer avec les locaux s’est avéré difficile, pour demander de l’aide ou négocier, même quand je m efforçais de parler en Indonésien, et beaucoup de conversations se limitaient a  la dimension acheteur/vendeur. Je crois en fait qu’il m était difficile d accepter d’être cantonnée à mon statut de touriste, de bule, après avoir vécu quelques mois en Indonésie. Et même sans y habiter, mes amies ont elles aussi ressenti fortement le changement entre Java et Bali dans le contact avec les habitants. 



Autel hindou...




... et ses offrandes pour les dieux amateurs de roupies et de fleurs



Bien-sûr, nous avons fait de belles rencontres, les paysages, magnifiques, nous ont beaucoup plu, et nous avons passé un très chouette Noël sous les tropiques (on aurait presque oublie de le fêter, tant cette tradition est peu présente ici !)


Mais ce que nous avons vu nous a fait réfléchir sur la relation de domination que peut induire le tourisme de masse, quand il amène des étrangers blancs et riches dans un pays plus pauvre, autrefois colonie de l'Occident. C'était assez choquant de voir des rues trop propres, sans stands de nourriture ou petites échoppes, ou seuls se promenaient des Bule faisant du lèche vitrine devant des magasins de soi-disant artisanat traditionnel balinais, qui correspondaient en réalité au goût des bobos à la recherche d une pseudo authenticité. De même, les  spectacles traditionnels qui animent Ubud, le centre culture et artistique de Bali, ne sont destines qu’aux touristes, avec des prix exorbitants, tandis qu’à Jogja ou à Solo, le public est beaucoup plus mixte, si ce n’est uniquement javanais.


Avant de repartir, nous avons été obligées de passer une nuit dans la ville de Kuta, connue pour ses clubs et ses plages de surfs. Dans ce ghetto à touristes, c’est surtout des Australiens bourrés marchant torse nus dans la rue que nous avons rencontrés, serrant fermement leur bouteille de Bintang dans la main. Certes, Bali n’est pas une terre d’Islam, ses mœurs sont plus décontractées, mais j'ai eu l'impression que certains touristes s'octroyaient la liberté de faire tout ce qui n’était pas possible dans leur pays d'origine, boire pour pas cher, faire la fête sans compter, …, sans tenir compte de l'endroit ou ils étaient, ni des personnes qui les servaient. Les deux populations, touristes et locaux, cohabitent sans vraiment se rencontrer, et pour voir les Balinais, il faut par exemple avoir un avion matinal et voir la ville s éveiller quand les fêtards de la veille dorment encore. 


La jungle...
... et son gardien !



Peut être mon ressenti s'explique par le fait que nous avions un budget réduit et que nous ne recherchions pas particulièrement des champignons magiques ou des boites de nuits déjantées… Assurément nous aurions pu nous faire beaucoup d amis en y mettant les moyens, mais que vaut une relation basée sur l’argent ? Et comment accepter l' étalage de luxe des complexes hôteliers face au quotidien nettement plus modeste de bien des Indonésiens ?

L’importation de ce modèle touristique capitaliste a certainement amélioré le quotidien des Balinais, mais je ne peux pas qualifier ce type de développement économique et social de sain ou soutenable. Au contraire, la « société des loisirs »a artificialisé Bali, et j’espère que ce modèle de consommation destiné aux touristes ne gagnera pas le reste de l̕ Indonésie. 



Pour changer des mosquées!




Je peux très bien comprendre que les vacanciers en séjour à Bali aspirent au repos et à la fête, mais revenir de Bali sans passer par d’autres endroits en Indonésie, c est un peu comme aller à Paris et croire qu’on a vu toute la France.  A tous ceux qui souhaitent un jour venir en Indonésie, mon conseil est donc de ne pas rester dans les sentiers battus, mais d'oser des destinations un peu plus aventureuses  comme Kalimantang ou Sumatra par exemple, dont je vous parlerai dans un prochain article !


Au centre de Bali...

Pécheurs en pleine concentration !