mercredi 4 janvier 2012

Pegunungan dan sawah /Collines et rizières

 
A l’occasion d’une grande visiteuse venue d’Inde, bientôt rejointe par d’autres comparses pour une excursion de Jogja à Bali (mais c’est une autre histoire !), des amis indonésiens nous ont emmenées sur les collines de Jogja, pour tenter de voir le coucher du soleil, au milieu des nuages… Le terrain était glissant, la montée bien raide, l’ambiance franco-indo-indonésienne chaleureuse, et les paysages magnifiques…

Je vous laisse admirer, et vous souhaite une très bonne année !
Selamat tahun baru !










  









 

Recyclage au village !

L’une de mes motivations pour partir en Indonésie était liée à la cause environnementale. En effet, la déforestation a réduit considérablement la surface des forêts, remplacées notamment par des plantations de palmiers à huile ; la biodiversité remarquable du pays est en danger ; et les nombreuses ressources du sol provoquaient la convoitise des compagnies minières le plus souvent étrangères,  étant au final plus une source de conflits que de prospérité pour les populations locales[1]. En même temps, c’est à Bali que s’est tenue en 2007 une Conférence Internationale sur le Climat ; l’Indonésie est un pays membre du dispositif REDD, un programme des Nations Unies sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre issues de la déforestation et de la dégradation des forêts ; et il existe sur place de nombreuses initiatives locales, comme l’association Kalaweit qui oeuvre pour la protection des gibbons à Sumatra et Kalimantang.[2]

Une fois arrivée sur place, force est de constater que l’écologie au quotidien n’est pas entrée dans les mœurs, particulièrement dans les villes où les classes moyennes en essor sont plus attirées par le dernier shopping mall à la mode que par la meilleure façon de trier ses déchets. L’eau s’achète en bouteilles, celle du robinet n’étant pas potable, les transports en commun sont peu développés par rapport à la multitude de scooters, source de pollution sonore et atmosphérique, et en l’absence de poubelles, les déchets se jettent directement dans la rue, plus pratique. En allant faire un tour à l’Indomaret du coin, vous reviendrez avec autant de sacs plastiques que de produits achetés, et la frénésie de consommation qui règne dans les centres commerciaux s’accompagne d’un gaspillage énorme, dans un pays où la pauvreté, urbaine comme rurale, est loin d’avoir disparu.

Pour autant,  l’environnement n’est pas un sujet ignoré dans le débat public, le réchauffement climatique est par exemple considéré comme responsable du calendrier perturbé de la mousson cette année. C’est surtout le sort des richesses naturelles du pays qui préoccupe légitimement les Indonésiens, qui craignent de voir les entreprises étrangères s’en emparer sans redistribuer les profits de leur exploitation.  Il existe de nombreux conflits environnementaux qui opposent des populations locales contre des grosses entreprises, celles-ci ayant tendance à  abuser de leurs droits pour polluer gratuitement, déposséder les habitants des ressources de leurs terres et les chasser de leur cadre de vie habituel. Enfin, les préoccupations environnementales sont évidemment liées aux risques naturels : séismes, tsunamis, volcans, inondations… rien n’est épargné au peuple indonésien, et la gestion du risque et des efforts de reconstruction est une question importante, pour les acteurs politiques, économiques ou issus de la société civile.
Pour en savoir un peu plus à ce sujet, je me suis rendue dans les locaux de Walhi, une déclinaison locale des Amis de la Terre. L’antenne de Jogja, qui existe depuis 25 ans, a principalement quatre angles de travail : l’écologie en ville, le volcan Mérapi, la protection des plages environnantes, et la zone minière proche du sanctuaire de Borobodur.
Si je comptais au départ être une volontaire active au sein de Walhi, je me suis vite rendue compte que la barrière linguistique posait un premier problème, et que le mode de fonctionnement de l’association, tout en douceur (ou lenteur bureaucratique) ne correspondait pas vraiment à mes attentes de travaux sur le terrain. Pour cela, il m’aurait fallut être stagiaire à temps complet, ce qui m’était impossible.
Néanmoins, Walhi m’a ouvert la porte sur toute la nébuleuse associative travaillant autour de l’environnement à Jogja, et je me suis rendue compte que contrairement à mes premières impressions, un nombre certain de gens essayaient d’apporter leurs solutions aux problèmes environnementaux locaux qui se posaient.


[1] Cf l’article sur la Papouasie de mon coloc Alexis : http://entbth.blogspot.com/2011/12/greve-miniere-en-papouasie-cours.html



Ainsi, je me suis rendue dans le sud de Jogja, dans le district de Bantul, où une amie indonésienne et très engagée (aussi politiquement !) m’a fait visiter un des premiers villages à avoir conçu un système de recyclage des déchets dont les principes sont ceux d’une « banque de recyclage » : chaque famille trie ses déchets (papier, bouteilles, plastiques, déchets organiques), va les apporter à centre de recyclage, où ils seront pesés, le foyer étant rétribué en fonction de la quantité de produits à recycler qu’il a amenée. Les déchets récupérés sont ensuite vendus en gros à des entreprises de recyclage plus ou moins grosses.



 
Une maison pimpante en bambou pour accueillir les déchets  du village         




Enfin les bennes de recyclage que je cherchais en vain au centre de Jogja !




Vous ne saviez pas quoi faire de vos paquets de cafés ou de lessive usagés ?









Dix mille rupiah le kg de déchets, ils sont beaux ils sont frais !

  L’incitation financière, un système pégogique notamment par le biais de l’école –ce sont souvent les enfants qui collectent les déchets-, et l’aspect local de cette initiative innovante et efficace ont permis qu’elle soit adoptée rapidement par les villageois. Petit bonus, le système de recyclage génère des emplois, notamment pour des femmes qui auparavant ne travaillaient pas. En plus des permanentes à la banque de déchets, il y a aussi quelques couturières, puisque les chutes de tissus ou de plastiques apparemment inutilisables sont assemblées pour former des sacs, des porte-monnaies ou des bijoux très tendance !


Souvenirs 100 % consommation recyclée !




Des bracelets, des porte-clefs, tout est bon dans le plastique !



 Après avoir visité la banque de déchets et la boutique où sont vendus les accessoires issus de produits recyclés, j’ai assisté à une réunion sur le sujet, avec pour public des collégiens et des villageois. C’était assez folklo, une succession de discours (pas toujours tres tres utiles… !) entrecoupée par le chant de l’association (« C’est bien de trier ses déchets, la terre est notre amie », sur fond de pop indonésienne), et l’une des cinq prières quotidiennes, la façon indo d’être écolo !  J’étais impressionnée de voir cet engouement non factice pour une écologie à échelle humaine, un développement durable accessible à tous. Un village modèle finalement, alternatif à sa façon, qui donne de l’inspiration, aux voisins et aux visiteurs, indonésiens ou étrangers (quelques japonais, américains, français… !)
Ce projet, qui fait partie d’un réseau d’initiatives plus large, m’a tellement motivée qu’il y a de fortes chances pour que j’y retourne régulièrement au semestre prochain… ce qui augure de nouvelles infos sur ce sujet à venir, si tout va bien (et que j'arrive à me déplacer en scooter !)