lundi 30 avril 2012

Dans la jungle d'Ujung Kulon


Mi-avril, et les vacances, encore ! Après avoir terminé mes « mid-term exams » d’indonésien –entre autres une rédaction sur «les contes et légendes de votre pays », j’ai essayé de me souvenir de Peau d’Âne…-, j’ai filé sur Bandung pour le week-end, le « Paris de Java », avant de me lancer avec une de mes colocs dans une expédition « jungle ». 

Parties de Jakarta un lundi matin à neuf heures, nous entamons un périple en bus d’une dizaine d’heures, avec moult correspondances, marchandages de tickets, et coups de klaxons à répétition d’un chauffeur qui double comme il respire. Nous arrivons le soir à Sumur, une « petite ville de province » comme on dirait ici, c’est-à-dire un gros village avec deux-trois « warung makan » (restaurants) fermés à partir de 20h, un Indomaret, et une pension pour voyageurs de passage. Le patron de la dite pension ne doit pas être très habitué à recevoir des hôtes, qui plus est franco-japonais, et ouvre de grands yeux en nous voyant débarquer de nuit, escortées par tout une troupe de « Ibu-Ibu » (dames) indonésiennes qui nous ont décidé de nous prendre sous leurs ailes, qu’on le veuille ou non.

Départ matinal le lendemain, et après une rude négociation avec des « ojek » (scooters-taxi), nous achevons la dernière étape du voyage, une heure de scooter sur une piste de terre (et de cailloux !) ; tout ça pour arriver à Taman Jaya, point d’accès au parc national d’Ujung Kulon.











Ujung Kulon, c’est un peu le bout du monde local, l’endroit perdu au milieu de nulle part où rares sont les touristes, indonésiens ou étrangers, à s’aventurer. D’ailleurs, la plupart de mes amis indonésiens m’ont demandé ce que nous allions faire là-bas, l’idée de vouloir randonner en milieu tropical et sauvage leur paraissant plutôt saugrenue. Il est vrai que le village de pêcheurs et d’agriculteurs de Taman Jaya apparaît bien loin de Jakarta et ses malls géants, et épargné encore par la « modernité » : pas d’Internet bien-sûr, pas de réseau pour nos portables non plus, peu de commerces et pas de « warung makan », mais énormément d’écoles, et d’enfants en uniforme qui nous saluent tous d’un grand « Hello mister ! », changement de sexe désormais habituel. 

Rapidement nous trouvons un guide, Pak Sam, qui accepte de nous emmener, à condition qu’on achète nourriture (pour nous trois) et cigarettes (pour lui tout seul). Les emplettes pour nos futurs pique-niques sont assez caractéristiques d’un Indonésien : au moins trois kilos de riz, des œufs, des nouilles instantanées et des bouteilles d’eau en plastique, on est loin du sandwich jambon-beurre ou des barres de céréales françaises !

Sacs sur les épaules, et nous voilà partis, avec en tête Pak Sam, qui sous des airs chétifs (je dois faire deux fois sa taille et au moins trois fois son poids), porte une grande partie de nos affaires.  La balade commence très fort, avec une pluie battante dès notre arrivée dans l’enceinte du parc, qui heureusement ne dure pas. Notre itinéraire est celui d’étudiants à budget serré, pas de bateau à 300 euros pour partir à la découverte des merveilles naturelles d’Ujung Kulon, non merci, mais trois jours de marche pour profiter d’un environnement étonnant et apaisant, si ce n’est les araignées géantes qui ont une fâcheuse tendance à sauter sur nous..







Sur les traces d'un rhino... !



Ujung Kulon est le plus grand parc national d’Indonésie, et sa biodiversité est unique, avec de nombreuses espèces animales et végétales très rares, souvent menacées. Les derniers specimens du rhinocéros de Java ont trouvé refuge ici, ils sont une petite cinquantaine mais nous n’avons vu que leurs empreintes, ce qui n’est pas pour me déplaire, j’avais quelques doutes sur mes capacités à affronter une entrevue avec un rhinocéros en pleine forme. Il y aurait aussi des crocodiles, ce que j’ai appris heureusement après coup, une fois les ponts traversés, qui se résument à un unique misérable bambou posé au-dessus d’un cours d’eau saumâtre guère attirant.

Au final, point de crocos ou de rhinos, nous avons surtout entendu des oiseaux, entrevu quelques singes, et admiré la végétation luxuriante de la jungle ou de la mangrove qui fait le lien entre l’intérieur des terres et le littoral. Les paysages sont vraiment splendides, vierges de toute présence humaine si ce n’est les détritus laissés par d’anciens randonneurs ou apportés sur la plage par la marée ; ainsi que les petites cabanes des gardiens du parc, qui nous servent de refuge pour la nuit. 









Pendant ces trois jours sans électricité, nous suivons le rythme du soleil, lever aux aurores et coucher à la tombée de la nuit –ce qui nous convenait très bien, à 8h le soir on s’écroule sur nos matelas, bien fatiguées après les efforts du jour. La marche est assez aventureuse, car le chemin a été dégradé par la saison des pluies, c’est plutôt une trace boueuse qui s’enfonce dans la jungle, et que l’on essaye de suivre tant bien que mal. En récompense, des après-midi au bord de mer, dans un calme absolu, et des soirées éclairées par étoiles et lucioles, à discuter avec notre guide qui habite ici depuis toujours.

A l’entendre, Ujung Kulon n’a pas changé depuis 40 ans… Sukarno, Suharto, ère de la Reformasi et crise économique, rien n’atteindrait les environs, si ce n’est peut-être la révolution Internet. Les gens d’ici sont des musulmans très pratiquants (même les petites filles sont voilées), vivent essentiellement de l’agriculture et se moquent un peu du gouvernement et de ses décisions : les familles sont nombreuses, contrairement aux recommandations du planning familial, et le projet de route « venant de Jakarta », coupant en deux Ujung Kulon et ses forêts, a vite été arrêté, grâce à la mobilisation des locaux.

Au final, un superbe voyage en charmante compagnie japonaise (merci Aki !), qui nous a permis de découvrir un coin éloigné et peu visité de Java. Une épopée pour y aller et en repartir, mais un détour à l’Ouest loin des sentiers battus que nous n’avons pas regretté, loin de là !



L'un des nombreux "ponts" de l'angoisse

La tentative avortée de route

mardi 10 avril 2012

Thaïlande, suite et fin !

Ayant célébré Pâques en Indonésie le week-end dernier -occasion de me rendre compte que la population chrétienne de Jogja est beaucoup plus importante que je ne le pensais-, j'ai réalisé à quel point le temps passait vite, très vite, et qu'il ne me restait que peu de temps à Jogja avant de partir vadrouiller dans les îles indonésiennes, avec pour destination finale l'aéroport Roissy/Charles de Gaulle, Paris, France. (Le 13 août, normalement !)

Il est donc plus que temps de poster ces quelques images de Thaïlande restantes, dernier morceau du voyage de janvier, dans la province de l'Isan. Cette région du Nord-Est de la Thaïlande est la plus pauvre du pays, et peut-être aussi la plus accueillante. Certes, il n'y a pas les splendides paysages montagneux du Nord, ou les surprises urbaines de Bangkok, mais les sourires et la vie tranquille sont au rendez-vous, le long du Mékong ou dans les immenses plaines qui séparent la frontière laotienne de Bangkok. Nous avons eu beaucoup de chance, autant en stop que pour l'hébergement, aidés à de nombreuses reprises par des gens à la gentillesse toujours impressionnante, à laquelle on ne s'habitue jamais tout à fait.
 


Famille d'accueil de rêve dans la petite ville de Mukdahan

Beaucoup de kilomètres avalés en peu de jours pour rejoindre Bangkok, mais aussi le temps de profiter des marchés de nuit au bord du Mékong, de faire des balades dans des parcs naturels ou historiques, et d'observer la vie au quotidien des Thaïlandais, particulièrement dans les parcs, leur endroit de prédilection pour faire du sport et sortir, nous pour dormir !


Bizarre bizarre, un dolmen dans le parc national de Mukdahan...

... dont la forêt a les couleurs de l'automne !


Je promets pour bientôt des articles sur le street art à Jogja, un projet de recyclage des déchets, l'Histoire version indonésienne, ou encore un compte-rendu de mon questionnaire "féministe" adressé à des étudiantes d'UGM, il y a déjà longtemps...


En attendant, équipée d'un nouvel appareil-photo, je pars la semaine prochaine dans le parc national d'Ujon Kulon, le plus grand d'Indonésie, en espérant revenir en vie pour pouvoir vous parler des singes et éventuels rhinocéros rencontrés !



Vestiges khmers à Phanom Rung

... un ensemble de temples hindous au sommet d'un volcan éteint