mardi 11 octobre 2011

Prambanan, ou l'Inde en Indonésie


Quelques jours avant la fin du mois de septembre, j'ai eu envie de profiter d'une après-midi de libre pour aller à Prambanan, l'un des trésors de Jogja. C'est un lieu incontournable pour les touristes et amateurs de belles pierres (et il y'en a !), il fallait donc le visiter. Bien-sûr, en arrivant, j'ai été quelque peu déconcertée par l'immense parking surmonté d'un grand panneau en anglais indiquant l'entrée pour les « non-locaux », comme si seuls les étrangers s'intéressaient aux monuments javanais. Même le chemin à suivre pour les toilettes était en anglais, ce qui fait que j'ai vu des Indonésiennes respectables se tromper de porte, et sûrement se retrouver nez-à-nez avec leur mari, ce qui dans la tradition javanaise est un comble de malséance !
Heureusement, malgré les apparences d'attrape-touristes, il n'y avait pas trop de bus garés, seulement un car de Japonais armés de leurs appareils-photos, et, bien-sûr, le bus des Français (retraités pour la plupart). Nous sommes à vrai dire plutôt nombreux à Yogya, et je connais pas mal d'Indonésiens qui apprennent notre langue au Centre Culturel Français, un endroit très sympa même si il est rempli d'expat'.
Après avoir payé un tarif étudiant qui n'en est pas un- supérieur au prix du ticket pour les indonésiens, espérons que ce surplus ira à la reconstruction des temples !-, on pénètre dans l'enceinte du sanctuaire hindouiste. Les temples sont là, dressés au milieu des goyaviers depuis déjà quelques années...
Ils datent en effet du IXe siècle, époque où l'hindouisme remplaça le bouddhisme à Java. Si à l'origine, il y avait selon la légende plus de mille temples, il n'en reste que 240 (surtout des templions !).
A la suite d'un tremblement de terre à Jogja en 2006, le site a été gravement endommagé, et plusieurs temples ont vu leur accès fermé au public. Le sanctuaire est maintenant en cours de réhabilitation sous l'égide de l'Unesco, mais le temple principal, dédié à Shiva, reste inaccessible. On peut se promener sur les temples voisins de Brahma et Vishnou, et pénétrer dans les tours qui abritaient les montures respectives des trois divinités, dont seul le taureau de Shiva reste visible.
Les murs sculptés racontent des histoires : de fratries de singes magiques, de monstres ou d'êtres ailés merveilleux, même des scènes du Kamasutra, et bien-sûr l'épopée du Ramayana.


Sur la route de Prambanan, le Candi Kalasan, majestueux
The "Tree of Life", au milieu des temples !

Les silhouettes des temples, tout en dentelle




Car c'était aussi là l'une des raisons de ma venue à Prambanan : voir le ballet du Ramayana, une légende importée d'Inde mais réappropriée par la culture javanaise.


C'est en plein air, la nuit, avec les temples éclairés pour arrière-scène, que se déroule le spectacle. Et quel spectacle ! : orchestre de gamelan, narratrice, et tout une troupe de danseurs avec à sa tête les héros de l'histoire, Râma, sa promise Sitâ, et son ennemi Râvana.


L'intrigue, à rebondissements, est trop longue pour que je puisse la détailler ici, elle était expliquée dans un français hasardeux à Prambanan, très drôle ! Sachez qu'il s'agit de luttes entre le bien et le mal, la fidélité et le mensonge, sans que l'on sache très bien qui est totalement ombre ou lumière. La fin, bien-sûr, est heureuse : Râma, qui était parti à la recherche de Sitâ, enlevée par Râvana, parvient à la retrouver, et après lui avoir fait passer un test de pureté (qui consiste à s'immoler sur un bucher pour savoir si elle n'a pas péché, sympa !), consent à se marier avec elle.



C'était une représentation magique, un mélange de théâtre, musique et danse empli de religiosité qui m'a énormément plu, malgré le fait que le public soit constitué presque uniquement de touristes, plus ou moins attentifs au spectacle. Les danses, notamment, sont totalement différentes de la danse de ballet classique que l'on connaît en France, beaucoup plus lentes, très gracieuses, sauf quand elles évoquent des combats !





Prochaine étape de mon parcours mystique à Java, chercher Buddha du côté de Borobodur, autre sanctuaire à proximité de Jogja !


 

Râma le magnifique ! (ou peut-être son frère...)
Un orchestre de gamelan, aux sons doux et étranges !



Râvana qui profite de l'absence de Râma pour essayer de conquérir Sitâ

Danseuses du "corps de ballet"

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